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Cadix-Tanger, si Eole le veut

  • Photo du rédacteur: Elisabeth
    Elisabeth
  • 3 août
  • 3 min de lecture

3 août 2025

 

Barbate, nous sommes à Barbate. Petit port de la côte andalouse, réputé pour la pêche au thon et tristement célèbre pour les nombreux sauvetages de voiliers attaqués au large par les orques.

Escale forcée dans ce royaume de la pêche au thon entre Cadix et Tanger, en attendant la fenêtre météo qui nous permettra de franchir les 25 milles nautiques – rien du tout en apparence – qui nous séparent encore de Tanger.

Retour sur notre sillage.



L’excitation est à son comble lorsque nous atteignons la mythique Cadix, chargée d’histoire, celle-là où les bateaux, au temps des phéniciens déjà, appareillaient les cales pleines de marchandises pour les grandes routes maritimes de Méditerranée et d’Atlantique.

Cadix, la ville qui réchauffe les cœurs. Avec sa vieille ville dans laquelle il fait bon flâner, son marché coloré et animé, ses nombreuses places arborées où résonnent les cris des enfants et les conversations joyeuses  de la population locale. Des places offrant un havre de fraîcheur salutaire, à l’abri de la canicule, où on savoure un café, des tapas, ou simplement le spectacle de la vie qui qui suit son cours, là, sous nos yeux. Une personne âgée avançant d’un pas hésitant avec son déambulateur. Ici, une famille jouant à la balle avec un bambin.

 

 Une ville qui sort de sa torpeur une fois le soleil couché. Où la vie andalouse s’exprime à travers les portes entrouvertes des immeubles séculaires. Comme ce chœur d’hommes, là au fond d’un garage, tous vêtus de manière décontractée, répétant des mélopées locales, de leurs voix chaudes, rythmées, entraînantes, sous l’œil envoûté des passants. « S’il-vous-plait », continuez, a-t-on envie de leur dire lorsque la séance s’achève.

Cadix, haut-lieu du flamenco. Un souffle sur les braises rougeoyantes auquel même les esprits les plus raisonnables ne peuvent résister. Bref, on serait bien restés plus longtemps.


Mais ainsi va la vie des marins et des marines, qui doivent poursuivre leur route.  La nôtre devait nous mener à Tanger, en passant par le cap de Trafalgar, rendu célèbre par la bataille navale éponyme. En quittant le port de Cadix, nous ne nous doutions pas que ce cap allait nous mener à notre propre bataille.

Appareillage à l’aube. Mer calme. L'humeur est légère. La vie est belle. Le capitaine chantonne. On hisse le génois qu’on enroule et remplace aussitôt par le solent quand le vent forcit. Jusqu’ici, tout va bien. On prend 2 ris pour par précaution et on enclenche le moteur.


Plus tard, on est nez au vent. Pas une allure idéale quand la mer moutonne et qu'on est au moteur. Au passage du cap, très près du phare, malgré le courant notre allié, nous sommes  surpris par des vagues de plus de trois mètres, rapprochées, soulevées par des hauts-fonds. La proue de Fou de Bassan plonge dans le creux, le reste du bateau s’immobilise un instant, puis la poupe se soulève hors de l’eau. A la barre, on se fait rincer par les embruns. C’est la première fois depuis que nous naviguons, que nous affrontons des conditions si dures.

Ouf, le moteur semble tenir. Il ronronne toujours…jusqu’à ce qu’une lame soulève la poupe. Le moteur se plaint, puis s’arrête net.

 « P… on est mal. Qu’est-ce qu’on est venus faire là ? » déplore-t-on.

 

On enroule le solent, on ouvre grand la GV. Vite, prendre la fuite, ne pas dériver vers le phare et les haut-fonds. Grand moment de solitude. Panique, pendant quelques minutes, pour moi. Bernard jure après plusieurs tentatives infructueuses pour faire redémarrer ce foutu moteur dont le cadran, impassible, affiche toujours le signal de panne. Puis Bernard reprend son sang froid. « Si un moteur tombe en panne, lui a-t-on dit, c’est qu’il n’est plus alimenté en carburant ou qu’il s’est étouffé. ». Notamment. Bernard se précipite dans la soute à moteur, donne quelques coups de pompes pour relancer le flux de gazoil. Euréka : le moteur redémarre.

 

Nous sommes à deux milles nautiques au large de Barbate, à deux doigts des filets à thon déployés par les pêcheurs. Le garde-manger des orques.

 

 Les secours en mer, que j’ai appelé dans un instant de panique, nous escortent jusqu’à la marina. Une fois à l’abri, en discutant avec des voisins de ponton, plusieurs équipages nous avouent avoir vécu la même mésaventure, le même jour.

Il y a des fois où Eole n’aime pas être contrarié. Alors mieux vaut faire le gros dos et laisser passer cet accès de colère. Leçon retenue.

 

Dans 2 jours, si tout va bien, nous serons à Tanger. Enfin. Nous sommes impatients d’y retrouver notre comité d’accueil à la marina. Si Eole le veut bien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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