Cap sur la Galice
- Elisabeth
- 29 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 juil.
C’est pas peu fiers de nous — et un peu fatigués — que nous arrivons à La Corogne, portés par la promesse des soirées animées et des ruelles à tapas, après 60 heures de traversée en duo. Ça y est, nous y sommes en Galice.
20 juin 2025, la Corogne
Nous avons bénéficié de conditions idéales pour la traversée du golf de Gascogne. Vent de 15 à 20 nœuds au portant, houle d’un mètre, ciel dégagé. Mais nous avons tous deux dépassé l’âge des nuits blanches, et les quarts de trois heures en binôme laissent leur empreinte. Mais il paraît qu’au bout de deux nuits, le corps finit par trouver son rythme. On veut bien y croire.
Arriver à La Corogne, c’est retrouver la promesse des longues soirées d’été, les apéros sur les terrasses animées, sous l’œil bienveillant de María Pita — celle qui, dit-on, repoussa les envahisseurs anglais en 1589.
C’est déjà la troisième fois que nous y revenons avec notre voilier, tant on l’aime.
Mais cette fois, La Corogne semble vouloir nous tester. Rafales à 34 nœuds en approche : le bateau danse, notre pilote automatique peine à tenir le cap, on reprend la barre à la main. Heureusement, le vent tombe dans la baie et l’entrée au port se fait en douceur, accueilli par le garde-port sur le ponton.Contrairement aux ports bretons, ici les places sont longues, confortables, adaptées aux voiliers de 45 pieds.

Côté marina, les services sont de bonne qualité. En revanche, pour les réparations sérieuses, ce n’est pas idéal : la voile ne fait pas vraiment partie de la culture locale. Il y a bien un shipchandler relativement bien achalandé, mais pour notre collet de winch perdu dans l’eau lors d’un nettoyage… il faudra commander en ligne. Pas de chance.
Heureusement, côté dentaire, c’est une autre histoire : un cabinet a réussi à me réparer deux dents et poser deux couronnes en moins de 24 heures. Petit miracle.
Nous louons une voiture une journée pour découvrir le cap Ortegal et ses falaises abruptes qui tombent dans l’océan. Les oiseaux ont terminé leur nidification et déserté les rochers, mais les traces blanches de guano témoignent encore de leur présence récente.
Plus à l’est, nous avons un coup de cœur pour le ria de Santa Maria de Ortigueira qui dégage un charme sauvage, au fond duquel on s’aventurerait bien à venir y échouer avec notre dérive relevée. Mais ce sera pour une autre fois. Pour l’heure, nous nous replions sur la plage voisine, imitant les quelques baigneurs et baigneuses qui profitent de la lumière douce de cette fin d’après-midi.
22 juin 2025
La Corogne, c’est aussi notre ultime escale avant de franchir le redouté cap Finisterre et ses humeurs capricieuses. Longtemps considéré comme le point le plus occidental d’Espagne – une réputation usurpée au cap Touriñán situé un peu plus au nord, il marque pour nous une étape symbolique.
Nous voici en route, prêts à doubler cette pointe mythique. La journée s’annonce belle. Une navigation de 82 milles nous attend. Au petit matin, nous levons l’ancre face à un vent de 6 noeuds. Pas d’autre choix que de faire tourner le moteur.
C’est presque avec un pincement au cœur que nous quittons la Corogne, à l’heure où les cafés commencent à accueillir leurs habitués autour d’un café-lecche-churros. On jette un dernier regard sur la ville qui s’éveille au passage du phare d’Hercule, en regrettant déjà l’atmosphère chaleureuse et vibrantre de la cité galicienne.
La mer est assez calme. Trois autres voiliers semblent suivre la même route que nous. Soudain l’horizon s’efface. La visibilité chute à moins de 100 mètres. Le brouillard — ce phénomène typique des côtes galiciennes, dû à la rencontre entre l’air humide venu de l’Atlantique et les courants froids du littoral — s’est levé. Fini la tranquillité : nous enclenchons le radar et lançons une veille attentive.
Deux heures plus tard, après une sieste pour celle qui n’était pas de quart, nous émergeons du coton. Le soleil brille à nouveau de tous ses feux.
Nous passons le cap sous génois seul, poussé par un vent d’est de 20 nœuds, avec des rafales à 28. Quelques empannages sont nécessaires. Nous affalons la grand- voile : par paresse, avouons-le, mais aussi pour simplifier les manœuvres. Avec le solent sur enrouleur monté à l’avant de Fou de Bassan, chaque empannage nous oblige à rouler presque entièrement le génois. Cela ne nous ralentit pas : nous avançons à 5 nœuds.
Il est vingt heures lorsque nous jetons l’ancre dans la jolie baie d’Enseada de Langosteira, après 10 heures de navigation. Il est trop tard pour un bain. Le soleil, déjà, disparaît derrière le cap.
23 juin
Nous avions déjà visité Muros, petite ville au charme surrané, dont les habitants au 19e siècle, s’adonnaient à la pêche à la sardine.
Restent aujourd’hui les arcades des maisons en granit qui bordent la baie. On n’y répare plus les filets. Cafés et commerces ont désormais pris possession des lieux.

27 juin
Cap sur les îles Cies, le joyau de la Galice.
Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée : ferries et canots à moteur en provenance de Vigo déversent des centaines de visiteurs et visiteuses sur les plages de sable blanc.
Mais à la tombée du jour, tout ce petit monde regagne la côte, laissant derrière lui les eaux turquoise et un calme retrouvé.
Ne restent que quelques voiliers au mouillage… et notre nouvel ami le goéland, perché sur le portique, guettant d’un œil gourmand les restes de notre Dîner.

Demain nous ferons un mouillage à Baiona, notre dernière escale avant le Portugal.
Bientôt 3 semaines que nous naviguons. Et pour la première fois depuis que nous sommes sur Fou de Bassan, nous ne sommes plus pris par le temps.
Car du temps,
Désormais nous en avons.
Il était temps.
Plus d’obligations professionnelles.
En français,
On appelle ça la retraite.
C’est pas un joli mot.
Ici, en Espagne,
On dit la jubilación.
C’est bien plus joyeux.
Il paraît qu’on met le cap sur le Maroc… Quelle jubilación !
Bravo pour votre blog.
Après départ professionnel fin juin25, nous nous apprêtons aussi à partir mi/fin septembre d'Arzal et emprunter la même route pour le cap vert en décembre 25.
@Altivelis 45
👍 Bon vent
S & B