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  • Photo du rédacteurElisabeth

Les clics des cachalots en cadeau

Nous sommes tombés sous le charme de Santa Maria, l’île la plus au sud des Açores, restée très authentique. La découverte de la vie marine qui entoure cette île nous aura aussi particulièrement marqués.


Nous n’avons pas vu passer le temps sur cette petite île, toute aussi belle que sa voisine de Sao Miguel. Nous nous sommes dégourdis les jambes en randonnant sur les falaises qui dominent, par endroit, une mer turquoise et offrent un point de vue imprenable sur la rotondité de notre belle planète.

Nous avons pris un bain de forêt et tourné en rond en parcourant le cratère de Pico Alto, le plus haut sommet de l’île et tant pis si nous avons terminé notre escapade dans la gadoue.

L’autre jolie surprise qui nous attendait, c’était le festival de blues sous les étoiles qui se tient chaque année au mois de juillet dans le village côtier de Anjos.

Nous avons aussi nagé avec les raies manta.




Il faut bien s’arracher aux endroits qu’on aime si on veut continuer notre chemin et rentrer sur le continent avec les vents favorables à la fin juillet, avant que les dépressions venant du nord ne s’abattent sur notre route. C’est presque à contrecoeur que nous avons repris la mer en ignorant qu’une rencontre marquante allait faire chavirer nos cœurs.


Quand le monde du silence devient bavard

Dans un post précédent je vous avais informés que nous avions emporté un micro hydrophone à bord, dans le but d’enregistrer des chants de baleines. Je commençais à me dire que nous étions des doux rêveurs, puisque jusqu’à présent, nous n’en n’avions rencontré qu’une seule. C'était le premier jour de notre arrivée aux Açores, près de Sao Miguel. Mais les Dieux de la mer ont exaucé notre voeux.

C'était hier.

Sur la route, entre les îles de Santa Maria et de Terceira.


Nous naviguions au moteur sur cette gigantesque étendue bleue marine calme, parcourue de frissons par endroit. Des conditions idéales pour l’affût puisque d’une part le bruit de l’engin permet de signaler notre présence aux cétacés et aux dauphins, et que d’autre part, on peut facilement arrêter le bateau afin de les observer.

Soudain, trois bosses anthracites immobiles sont apparues sur le tribord de Fou de Bassan. Il nous a fallu quelques secondes avant de réaliser qu'il s'agissait de cétacés au repos. Information confirmée quand un souffle sonore accompagné d'un nuage blanc a jailli au-dessus d'un des corps massifs. Des cachalots. Dérivant lentement, à une distance de quinze mètres du bateau.

Informés de notre présence, ils se sont mis doucement en mouvement. Afin de ne pas les perturber, nous avons éteint notre moteur. C'est le moment que nous avons choisi afin de sortir notre micro hydrophone relié à un câble de quinze mètres.


Equipée d'un casque pour mieux prendre le son, j'ai plongé le micro dans l'eau. Et là, merveille, le monde du silence s'est mis à parler. Un frisson m'a saisi quand j'ai entendu le premier clic, suivi d'autres clics.

Les cachalots ont joué plusieurs codas, soit différents schémas sonores. Une expérience fascinante. A plusieurs reprises, j'ai retiré mon casque pour parler à Bernard. Chaque fois, j'ai ressenti la transition comme une violence. D'un coup, je revenais dans notre monde, celui qui ignore tout de la vie sous-marine. L'immersion dans cet univers sonore inconnu apportait une dimension supplémentaire à ce moment extraordinaire. La découverte de cette parcelle d'univers qui venait de se dévoiler m'a bouleversée. J'aurai pu rester encore des heures ainsi à prendre des sons.


Encore une fois, il a fallu repartir. C'est le sort des marins et des marines.


Nous avons continué à être chanceux pendant le reste de la journée. Il suffisait que nous commencions à lire, cuisiner, regarder la carte pour que nous soyons interrompus par nos nouveaux amis. On aurait dit que les dauphins, les baleines et les cachalots s’étaient donné le mot pour venir nous saluer. Une journée extraordinaire qui restera à jamais marquée dans nos souvenirs.



Cachalot au large de l'île de Santa Maria, Açores © Bernard Thorens

Les bonheurs les plus intenses sont éphémères. Nous avons poursuivi notre route pour rejoindre Terceira, dernière étape avant de retourner sur le continent espagnol.

Autre bonne nouvelle, nous avons trouvé un équipier qui nous relayera pendant les quarts de nuits de cette traversée sur la Corogne. Un étudiant qui a passé une année sur l’île de Sao Miguel et rêve de rentrer chez lui en Europe par la mer.


Les rêves sont aussi faits pour être partagés.


* Les cachalots émettent des clics qui se propagent dans l’eau et forment des schémas sonores appelés coda. Ce sont des structures de 3 à 10 détonations aiguës qui en série forment une partition. Chaque clan de cachalot possèderait son propre langage. Il semblerait que les femelles émettent plus de coda que les mâles. Pour en savoir plus: https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-marins/audio-ecoutez-les-cachalots-se-parler-decouvrez-leurs-accents-et-dialectes_167252








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